2 ans de PVT Canada : le bilan

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a y est, cela fait maintenant 2 ans que j’ai quitté le sud de ma France, pour venir vivre au Canada, au Québec, à Montréal. 2 ans que j’ai tout quitté : travail, appartement, voiture, famille et amis, pour venir vivre une expérience extraordinaire à plus de 6000 km de là.

J’avais aujourd’hui envie de faire un bilan, car en 2 ans, je n’ai pas pris le temps de mettre des mots sur les différentes étapes que j’ai vécues jusqu’alors, et je trouvais cela peut être intéressant de le faire aujourd’hui, après 2 ans de recul sur notre aventure.

Le prologue

Avant de vous faire un bilan complet de mes 2 années passées au Canada, je vais vous rappeler rapidement pourquoi je suis partie. Après tout, ça reste intéressant de le savoir pour comprendre la suite.

Septembre 2017

Il faut savoir que l’idée de venir vivre au Canada, c’est l’idée du chéri. Dès que je l’ai rencontré, il m’a tout de suite parlé de son désir d’y aller pour vivre une aventure. Son frère habite à Québec et il avait déjà eu l’opportunité d’y aller en vacances. Etant fan de voyage, ça a forcément titillé ma curiosité. Mais il était inconcevable pour moi de tout quitter pour un pays que je ne connaissais pas. Nous sommes donc partis en road-trip à travers le Québec en septembre 2017 pendant 2 semaines.

Octobre 2017

Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas eu le coup de cœur pour le Canada lors de ce voyage. J’ai bien aimé, mais clairement « sans plus ». Et pourtant, c’est en octobre 2017 que je lui dis « Ok, inscrivons-nous au PVT (Permis Vacances Travail). » Il s’agit d’un permis qui nous permet de voyager et de travailler au Canada pendant 2 ans. Il faut savoir que s’inscrire ne nous garantit pas l’obtention systématique du permis. Il s’agit d’un système de tirage au sort. On verra bien ce que l’avenir nous réserve !

Mai 2018

C’est à cette date que le chéri est tiré au sort pour le permis : c’est à ce moment-là que les choses deviennent sérieuses. On passe d’un projet hypothétique à quelque chose de réellement concret. Des milliards de choses se bousculent dans ma tête : mais qu’est-ce qu’on est en train de faire ? A partir de là, nous avions 1 an jour pour jour pour arriver au Canada et activer son permis. Il fallait juste croiser les doigts pour que j’obtienne également le mien assez rapidement.

Décembre 2018

Les mois passent, et le tirage au sort n’est jamais en ma faveur. Il y a en moyenne, un tirage au sort par semaine mais je n’en fais jamais partie. Je me souviens avoir eu une conversation fin décembre ou début janvier, pour se dire : si je ne suis pas tirée au sort, que fait-on ? Il faut savoir que si nous avions décidé de ne pas partir, mon chéri aurait perdu la possibilité de réaliser ce permis, car il n’est valide qu’une seule fois dans une vie. On ne voulait pas qu’il gâche cette seule opportunité. On a donc décidé de partir, coûte que coûte, même si je devais l’accompagner en « touriste » et ne pas travailler. On se disait qu’au pire des cas, on vivrait une aventure de quelques mois et on rentrerait en France. Mais on était décidé : on allait vivre cette aventure.

8 Janvier 2019

Ce jour est le jour de mon entretien annuel à mon ancien travail. Cela faisait 8 ans que j’y travaillais, et comme tous les ans, je rencontrais mes responsables pour un bilan. Et c’est ce jour-là que j’ai décidé de leur annoncer ma décision de quitter l’entreprise pour aller vivre une nouvelle aventure.

Et vous n’allez pas me croire, comme quoi le destin fait très bien les choses, mais c’est également ce jour-là où j’ai été tirée au sort pour le PVT, quelques heures avant mon annonce. Croyez-vous au destin ? C’est ce jour précisément où j’ai compris que j’avais pris la meilleure décision de ma vie.

Janvier – Février – Mars – Avril 2019

4 mois, 4 mois pour tout préparer, se préparer mentalement, surtout ! Préparer son départ de l’entreprise, trier ses affaires, rendre son appartement, vendre sa voiture, s’occuper de la paperasse, choisir une assurance, réserver les billets d’avion et le Airbnb, et tout ce que vous pouvez imaginer d’autre. Ces mois étaient intenses, mais extraordinaires. J’ai arrêté de travailler en mars afin d’avoir du temps pour moi. Après 8 ans dans la même entreprise, ça fait bizarre de se dire qu’on n’y retournera plus, et de laisser notre esprit se libérer enfin de tout cela. Car même quand on part en vacances, on n’est jamais vraiment décroché de son entreprise. Là, c’était clairement le cas. Un sentiment de liberté que je n’avais pas ressenti depuis très longtemps. Des repas en famille, des promenades au bord de mer, des moments de détente, et le jour J arriva à grand pas.

Notre état d’esprit avant le départ

Il faut savoir qu’à ce moment-là, on savait déjà comment on imaginait notre aventure. Clairement, on ne voulait pas trop s’installer dans notre appartement, trop dépenser dans les meubles, car on savait qu’on ne resterait que 2 ans et que clairement, on n’est pas trop matériel. On voulait investir le minimum pour, en revanche, investir le maximum dans des week-ends et des voyages. On voulait se trouver un boulot avec un salaire correct qui nous permette de profiter du Canada, de notre aventure. On s’était dit qu’on pourrait vivre 1 an à Montréal et 1 an à Québec : voici notre état d’esprit, juste avant notre départ.

27 avril 2019

Nous avons donc pris l’avion à cette date précise du 27 avril 2019 (qui est aussi l’anniversaire du frère de mon chéri, lui-même résident du Québec depuis des années). Nous avions à l’époque réservé un Airbnb pour 2 semaines, le temps nécessaire pour : trouver un appartement, faire les démarches administratives, ouvrir un compte en banque.

L’arrivée

Nous avions déjà repéré un appartement avant d’arriver à Montréal sur Facebook et réservé une visite. Et, coup de chance, cet appartement nous plaisait, et nous étions les seuls à l’avoir visité. Nous savions que Montréal vivait une crise du logement à l’époque, et nous ne voulions pas prendre le risque d’être à la rue au bout de 2 semaines. Nous avons donc signé le bail de cet appartement qui commencé le 1er juin. Nous avions donc 3 semaines à tuer entre la fin de notre logement Airbnb et la remise des clés de notre appartement. Nous avons donc décidé de partir pendant 3 semaines en road-trip en Ontario et au Québec, nous avons visité Toronto, les chutes du Niagara, Ottawa, Ville de Québec pour enfin revenir sur Montréal le 2 juin.

2 Juin 2019

Nous avons donc récupéré les clés de notre appartement à cette date. Comme je vous le disais, nous n’avions clairement pas envi de dépenser trop d’argent dans notre appartement. Pour moi, acheter des meubles, c’est presque « gaspiller ses économies ». Nous sommes donc aller à IKEA, acheter le nécessaire dont nous avons besoin. Notre appartement était clairement un appartement de pauvre !

Fin Juin 2019

Fraîchement installée à Montréal, une copine me propose de partir avec elle et une autre amie pour un long week-end dans le Maine aux Etat-unis. Et me voilà partie en voiture, à blablater entre filles, direction les USA pour le « week-end ». Me dire que je peux aller dans ce pays qui me fait tant rêver depuis toujours, en voiture, juste pour quelques jours : c’était fou. C’est ce moment-là qui m’a confirmé que oui, j’avais bien pris la meilleure décision de ma vie !

Notre premier été

Qu’on se le dise, notre premier été à Montréal a été ouffissime. Entre la venue de ma binôme Marie avec qui on a visité tout Montréal et Québec, la venue de mes parents avec lesquels nous avons visité la Gaspésie, sans oublier les festivals incroyables de Montréal en été (Juste pour rire, le Festival International de Jazz, Osheaga, Les Francos de Montréal, etc) : on a clairement vécu notre « Best life ». Nous avons fait pleins de belles rencontres, des personnes qui vivent la même expérience que nous, à discuter pendant des heures, et se rendre compte de l’aventure incroyable qui nous attend. J’ai trouvé un petit boulot et je faisais quelques heures par-ci par-là, mais on vivait principalement sur nos économies à cette période. Ça reste un de nos meilleurs souvenirs, car c’était la nouveauté, l’adrénaline de la découverte, de l’aventure, la possibilité de pouvoir partager ces instants avec nos proches.

Septembre 2019

La venue de mes proches m’a fait un bien fou, mais leur départ m’a fait un grand choc. Quand je les ai quittés en avril, je savais que je les reverrai l’été qui venait. Mais à leur départ, je n’avais plus de dates fixée pour les revoir, les choses devenaient concrètes et là, ça a fait mal. Moi qui étais habituée à manger avec mes parents tous les midis, le choc était intense. Nous sommes passés de l’excitation de la nouveauté, le bonheur de pouvoir partager ça avec nos proches, à une rechute totale. C’est à ce moment que nos cerveaux ont vraiment pris conscience de ce qu’on avait fait. Il y a clairement eu une phase d’adaptation pour que nous nous habituions à cet éloignement, à ce nouveau mode de vie, la manière de communiquer avec nos proches, de faire les courses, de cuisiner, de se déplacer, etc.

Octobre 2019

Je dirais que c’est à partir de ce mois que nous avons commencé à mieux vivre la situation et à prendre nos marques. 6 mois pour s’adapter à ce nouveau mode de vie, 6 mois pour accepter que nos vies avaient changé. C’est aussi en octobre que nous avons tous les 2 trouvé nos boulots respectifs. Ça y est, on était installés, lancés dans notre nouvelle vie.

Décembre 2019 

Notre premier Noël loin de la famille. Il faut savoir que le frère de mon chéri vit à Québec avec sa copine québécoise. Nous sommes donc parti sur Québec pour 2 semaines. Nous avons profiter des festivités et des balades dans la région. Nous avons donc passé les fêtes, loin de nos familles mais au cœur des traditions du pays, et ça, c’était vraiment un beau souvenir !

Mars 2020

Comme vous le savez, c’est à cette date que nous nous sommes rejoints avec Marie pour notre escapade en Floride. Miami, c’est 3h45 de vol depuis Montréal, et aucun décalage horaire. Quel bonheur de vivre sur le même continent que les Etats-Unis !

Notre état d’esprit pendant la 1ère année

Clairement, la première année, on n’avait pas un très haut salaire, lui comme moi, donc on faisait très attention à nos dépenses. Nous n’avions clairement pas investis dans notre appartement. Il y a beaucoup d’activités, des sorties ou des restaurants, que nous n’avons pas fait à ce moment-là. On a quand même pu profiter avec nos moyens, on a également fait de superbes rencontres, des personnes qui sont devenus nos amis. On a adoré notre première année à Montréal et clairement à cette période, nous n’avions aucune envie de tout quitter pour aller vivre à Québec (comme on se l’était dit à la base). Nos boulots nous convenaient, nous avions nos week-end organisés avec nos amis, nous avions pris nos marques, nous avions nos repères. Nous n’avions pas envie de tout recommencer une nouvelle fois. Nous avons déjà un pied-à-terre à Québec et donc la possibilité d’y aller pour les week-ends. Nous avons donc décidé de continuer l’aventure dans ce sens.

L’aventure se noircit

Comme vous le savez tous, celui dont je ne citerais même pas le nom, est venu gâcher notre aventure. Mon père devait venir me voir en avril 2020, mon frère en juillet, mais ça ne s’est pas fait. J’ai continué mon travail qui commençait à devenir pesant, des promesses d’augmentation qui ne se concrétisaient jamais, des sujets qui ne m’intéressaient plus. Nos amis qu’on ne voit plus, des sorties qu’on ne fait plus, des restaurants auxquels on ne pense même plus.

Clairement, on se dit qu’on perd du temps, que notre aventure a une date de péremption et qu’on est en train de tout gâcher. On comptait davantage en profiter pour notre 2ème année, c’est clairement loupé.

Août 2020

Un peu de répit à ce moment-là, on sait qu’on ne verra pas la famille, on essaye de rebondir. Nous avons donc décidé de partir visiter Vancouver et rejoindre une amie de Montréal qui s’est installée là-bas (ma belle Marion). Puis, nous avons rejoint un couple d’amis de Montréal (Ines et Bastien) en Alberta, pour aller visiter les magnifiques Rocheuses du Canada, clairement un des endroits les plus touristiques du pays. Bon comme vous le savez, j’ai eu un accident là-bas, mais je vous invite à lire l’article pour en savoir plus.

Octobre 2020

Une phase compliquée s’installe ici pour moi. J’ai donc le pied immobilisé, impossible de marcher, je suis en train de louper les magnifiques couleurs de l’automne (le meilleur moment de l’année pour moi), mes responsables me font encore miroiter l’augmentation que j’aurais du avoir depuis juillet, je m’ennuie clairement à mon travail, les restaurants et les magasins referment leurs portes : bonjour la mauvaise période. C’est donc à ce moment que je décide de démissionner, car cela devient très pesant sur mon moral.

6 mois avant la fin 

Il nous restait alors 6 mois de PVT. Mais alors : que fait-on maintenant ? Rentrons-nous en France en avril prochain ? Restons-nous ici ? La France, on avait vraiment l’impression d’avoir fait le tour, et le Canada, clairement l’impression de ne pas avoir pu en profiter comme nous l’avions voulu. Je me souviens que mon chéri m’ait dit « va en France, va voir la famille, profite, ressource-toi, prends la température, et à ton retour, tu me diras ce que tu penses qu’on devrait faire ». Et bien, c’est ce que j’ai fait. Je suis donc rentrée en France pour faire la surprise à ma famille, voir mes médecins, les amis, etc. Je suis restée 2 semaines et j’ai adoré, mais oui, je me suis dit « mais je connais tout ça », comme la sensation de relire un livre que j’avais déjà lu 10 fois.

Pendant mon séjour, je suis également rentrée dans un processus d’embauche pour une nouvelle entreprise à Montréal. Je savais qu’à mon retour, un nouveau travail m’attendait, un travail valorisant avec un bon salaire, le travail dont je rêvais depuis longtemps.

Forcément, quand je suis rentrée à Montréal, ma décision était prise : il fallait qu’on reste après notre PVT car on avait encore beaucoup trop de choses à vivre ici.

27 avril 2021

Et voilà, cela fait maintenant 2 ans que nous sommes ici, et notre état d’esprit a totalement changé. Nous venons de lancer les démarches pour avoir des nouveaux permis de travail qui vont nous permettre de rester sur le territoire pour 2 années supplémentaires. Est-ce qu’on va rester ici toute notre vie ? Nous ne savons pas, tout ce que nous savons, c’est que notre aventure est loin d’être terminée et que nous avons encore beaucoup de choses à vivre.

Nous avons tous les deux un meilleur salaire aujourd’hui, nous avons envie d’investir un peu plus dans notre appartement, refaire la déco, et profiter de choses dont on s’est privées au début. Nous nous sommes inscrits à Communauto (service de voiture en libre service) qui nous permet de nous déplacer facilement quand on veut et où on veut. On a gagné en autonomie et en liberté. Nous n’avons plus envie de nous restreindre, parce que telle chose coûte trop chère, ou parce qu’on n’a pas de voiture, etc. Nous ne savons pas combien de temps nous allons rester au Canada, mais une chose est sûre, c’est que nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait, et aujourd’hui, nous avons envi de profiter de chaque jour au maximum.

Nos 2 prochaines années seront bien différentes des 2 premières.

On en reparle dans 2 ans, dans un prochain bilan ?

Merci pour votre lecture !

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