PVT Canada : j’ai eu un accident

C

ela fait maintenant plus d’un an et demi que j’ai quitté le sud de la France pour aller m’installer à Montréal. Pour ce faire, j’ai obtenu un permis de vacances / travail, plus connu sous le nom de PVT.

Fin juillet 2020, lors d’un séjour à Vancouver, j’ai eu un accident. J’ai donc décidé de vous raconter dans cet article toutes mes aventures liées à cet accident pour que, si ça vous arrive, vous puissiez prendre la bonne décision assez rapidement !

Le début de l’histoire

Nous avions 2 semaines de vacances d’été le chéri et moi, et nous voulions quitter Montréal pour découvrir l’ouest canadien, et donc Vancouver : sur le papier, tout était parfait !

Vendredi soir, dernier jour de travail, avion pris le lendemain matin, direction Vancouver. Le décalage horaire entre les deux côtes du Canada est de 5h. Un peu sonnés et fatigués, on décide d’entamer tout de même la soirée en compagnie de ma copine Marion qui vit sur Vancouver.

Le lendemain matin, levée assez tôt, ma chère copine d’amour (ahah) décide de nous emmener en randonnée sur l’île de Gibsons. Direction le ferry en bus pour pouvoir nous rendre sur l’île et entamer notre belle journée qui s’annonce. Après notre randonnée, courte mais intense, nous nous sommes cassés le ventre en mangeant un bon fish and chips au saumon (je vous communiquerai l’adresse dans un autre article si vous êtes intéressés !). Autant vous dire que, la fatigue de la semaine + la fatigue de la randonnée + la fatigue du décalage horaire + la digestion + le chéri qui me porte la scoumoune « Elodie elle est maladroite, elle tombe tout le temps ! » + j’ai plus 20 ans nan mais oh = le combo était propice à la catastrophe.

Et le drame arriva

Ma chère copine Marion (parce que oui, en vrai, c’est quand même sa faute tout ça ahah *joke*) décide de nous emmener, après ce bon repas, à une plage non loin. Nous avons donc longé le long de la route afin de nous rendre à cette fameuse plage. Après environ 40 minutes de marche, je me précipite près du bord pour aller voir la belle vue sur l’océan que l’on avait en hauteur, depuis la route (car oui, j’étais toujours à la traine dernière, ref les raisons sont dans le paragraphe ci-dessus). Et là, la catastrophe : je glisse du haut d’une roche, et me retrouve par terre en l’espace d’une seconde et demi, avec une douleur atroce à la cheville (tu sais, le moment où tu te dis : « je suis dans la merde »).

Le pire, c’est que je n’ai même pas pu observer la vue, au final…Bon, dans mon malheur, j’ai tout de même glissé assez loin du vide, parce que clairement, j’aurais pu mourir…

La suite du périple

J’ai bien dû rester une bonne heure, allongée par terre, à ne plus pouvoir me relever, à attendre que la douleur s’atténue. Sauf qu’à un moment, il faut bien faire quelque chose. J’étais déterminée à me dire que ça ne devait pas être trop grave, juste un bleu tout au plus. Ben oui, je suis médecin, je m’auto-diagnostique, la base quoi ! On finit par trouver une voiture en stop qui est d’accord pour me déposer jusqu’à la plage, parce que « l’eau froide de l’océan va me faire du bien et me guérir »…ben oui, je suis aussi pharmacienne ! Après 1h mon pied dans l’eau, la douleur s’est légèrement atténuée, mais la cheville commence à enfler (« c’est normal, c’est juste une bosse »). Fini de niaiser, on décide de rentrer à l’hôtel. Sauf que pour rentrer, il y a 20 minutes de marche jusqu’à l’arrêt du bus + le ferry + un autre bus. Et là, miracle : un caddie abandonné sur la route. On me met dedans tel un pack de bière et en avant l’aventure en caddie direction l’arrêt de bus ! J’ai fini par arriver à bon port à l’hôtel, avec de la crème anti-inflammatoire et une chaussette de maintien pour me guérir (oui oui, c’est moi qui ai décidé que c’est ce qu’il me fallait).

Autant vous dire que le reste du séjour a été éprouvant : j’ai continué les 5 jours suivant en fauteuil roulant, que l’on avait précieusement loué sur Vancouver, et j’ai fini le reste du séjour (c’est-à-dire 2 semaines au total), à la marche. Et nous sommes même allés faire des randonnées en Alberta, malgré ma douleur à la cheville. Parce que oui, pendant 2 semaines, je ne suis même pas allée consulter un médecin ni même allée aux urgences. Psychologiquement, je voulais (et il le fallait) que cela ne soit pas trop grave, juste un bobo.

Sauf que c’était plus grave que ça

Une fois de retour à Montréal, je décide d’aller consulter, parce que ma cheville est, malgré tout, toujours douloureuse (même si moins qu’au début) et surtout enflée.

Pour vous remettre en situation, en tant que Pvtiste au Canada, je n’ai pas droit à la RAMQ, l’équivalent de la carte vitale française. Les soins médicaux ne sont donc pas remboursés ! C’est là que l’on voit la médecine différemment tout à coup … $$$ Tellement pas habituée à payer en France que ça fait tout drôle !

Je suis quand même venue avec une assurance d’expatriée (obligatoire de toute façon lors d’un PVT au Canada) : j’avais choisi l’assurance ACS de Globe PVT. Il faut savoir que cette assurance ne couvre pas tout, mais les accidents sont pris en charge (heureusement pour moi). Je dois juste avancer les frais et demander à me faire rembourser plus tard, mais encore faut-il avoir l’apport…!

Avant de prendre toute décision au sujet de ma cheville (hôpital, clinique ou médecin), un peu perdue, je décide d’appeler cette assurance. A mon grand étonnement, je suis rappelée par un médecin de France, qui essaye de me diagnostiquer par rapport à mes symptômes et me conseille sur toutes les procédures à engager pour essayer de régler mon « petit » problème.

Plusieurs solutions s’offraient alors à moi :

  • Urgences de l’hôpital : ce n’était plus une urgence, les urgences ont la réputation de faire attendre les patients des heures et le prix est relativement cher.

  • Médecin : très compliqué d’avoir un rendez-vous avec un médecin au Canada, car il faut être attitré à un « médecin de famille » et cela peut prendre des années …!

  • Clinique privée : cela a été pour moi le choix le plus simple, rendez-vous rapide et prise en charge pas trop chère (moins chère qu’à l’hôpital en tout cas).

Il faut savoir qu’au Canada, les hôpitaux sont très achalandés car pris en charge par la RAMQ, à la différence des cliniques privées. Sauf qu’en tant que Pvtiste, que ça soit l’hôpital ou la clinique, le principe reste le même : on avance les frais et on se fait rembourser. Pvtistes, je vous conseille donc de passer par une clinique privée si vous avez besoin de consulter.

Je suis passée par la clinique privée ExcelleMD qui se trouve au marché central à Montréal. Rendez-vous très rapide, pas d’attente une fois sur place. J’ai payé 100 dollars la consultation et 20 dollars de frais d’inscription. Le médecin me diagnostique une entorse et me prescrit une radio pour voir si, à tout hasard, ce n’était pas plus grave. Je vous conseille cette clinique, car j’ai vraiment apprécié l’échange que j’ai eu avec le médecin qui a été à l’écoute, tout s’est très bien passé.

Pour la radio, je suis allée au cabinet de radiologie Medica Coeur-De-l’Île qui se trouve en face de la station de métro Jarry. Pas besoin de rendez-vous pour aller là-bas, je n’ai quasiment pas attendu avant de pouvoir faire ma radio. Un peu surprise des lieux sur le coup : assez petits, étroits et très vieillots. J’ai payé 56 dollars pour la radio de ma cheville.

Mon premier choc sur le système médical canadien

Alors je ne veux pas faire de généralité, mais le principe m’a quand même un peu choquée. J’ai donc fait ma radio, qui devait être envoyée sous 48h à ma clinique qui, elle-même, devait ensuite me rappeler pour me communiquer les résultats. Je n’ai pas fait beaucoup de radio en France, mais il me semble qu’on vous donne les radios en main propre le jour même, avec le diagnostic du radiologue. Ici, j’ai attendu 10 jours avant d’avoir l’appel de la clinique pour avoir le résultat.10 longues journées sans savoir. Malgré des appels répétés, il semblerait que la radiologie s’était trompée dans les coordonnées de la clinique pour leur transmettre les résultats. Du coup, je suis un peu mitigée au sujet de ce cabinet de radiologie : je ne vous le conseillerais pas forcément …

Et le résultat est tombé : ce n’était pas qu’une simple entorse, mais une fracture. L’infirmière de la clinique au téléphone me dit que je dois aller acheter une botte de marche orthopédique et rester immobile le plus possible. Je vais donc acheter ma botte dans l’enseigne Médicus (il y en a plusieurs à Montréal). Le médecin me dit également qu’il envoie mon dossier à un service spécialisé en orthopédie, qui me contactera ultérieurement afin d’avoir un 2ème avis.

Parallèlement, j’ai été suivie par le médecin en France, qui m’appelait régulièrement pour prendre des nouvelles. J’ai vraiment trouvé ça super comme service de la part de ACS assurance, je me sentais soutenue par un compatriote professionnel dans cette épreuve.

Et la guérison ?

J’ai donc gardé cette botte 6 bonnes semaines, et aucun appel d’un soi-disant « service orthopédie ». Ma cheville étant encore enflée et douloureuse, je rappelle donc la clinique privée afin de réclamer un suivi, que le médecin n’avait pas jugé nécessaire au préalable. Il me prescrit une nouvelle radio qui confirme que la fracture est belle et bien guérie ! Et me dit que les douleurs et l’enflure partiront naturellement …Un peu perplexe, je reçois dans la foulée un appel du CHUM (Centre Hospitalier de l’Université de Montréal) , me disant que j’ai un rendez-vous au service orthopédie le lendemain-même (le fameux). Afin d’être totalement sûre de l’état de ma cheville, je décide de m’y rendre.

Le rendez-vous au CHUM à Montréal : la journée de galère

J’ai littéralement passé des heures affreuses au CHUM, j’y ai perdu mon temps et mon argent, clairement. Déjà, l’hôpital est immense, compliqué de se repérer là-dedans, et si tu n’as pas la carte RAMQ, c’est une grosse galère pour eux de gérer ton cas. Car oui, tu dois pouvoir scanner ta carte RAMQ pour accéder à ton rendez-vous, sauf que je n’en ai pas, et qu’ils étaient perdus (je ne suis pourtant pas la seule expat à aller au CHUM, non ?).

Après avoir payé des frais d’entrée d’hôpital de 137 dollars (rien que ça), je suis passée 4 fois du 1er au 3e étage pour enfin accéder à quelque chose (le comble du pratique pour un rendez-vous en orthopédie !). On finit par me donner un ticket avec un numéro et on me dit d’attendre. Un médecin vient ensuite me voir et me dit que la radio qu’ils ont reçue du cabinet de radiologie est illisible. Il souhaite donc en faire une nouvelle. Après le passage à la radio, j’ai enfin le droit de voir un médecin orthopédique après une longue attente. Une fois dans son cabinet, il me demande de lui présenter ma RAMQ. Décidément, ils ont tous un problème avec cette carte ! De là, il m’indique que si je n’ai pas la RAMQ, je dois lui payer 200 dollars, en liquide, maintenant. La blague. Je suis donc sortie trouver un distributeur, retirer 200 dollars en liquide à donner à mon dealer de médecin. Une fois ses 200 dollars glissés dans sa poche, il m’ausculte très rapidement, regarde ma radio et me dit « c’est bon, y’a plus rien ». Je crois que j’aurais pu lui mettre une baffe littéralement : 200 dollars pour me dire quelque chose que je savais déjà, restons calme ! De là, il m’informe que je dois faire de la physiothérapie pour une rééducation (ah ça c’est nouveau par contre). Sauf que la physiothérapie, c’est une centaine de dollars au Québec et que ce n’est pas pris en charge par l’assurance ACS … c’est ballot !

La rééducation … en France ! 

Dans mon malheur, j’avais pris mes billets d’avion la veille pour rentrer en France pour 2 semaines, faire la surprise à ma famille. Je me dis donc que j’irai voir mon médecin et mon kiné, pour discuter avec eux de ce qu’il en est.

J’ai donc pu faire 5 séances de rééducation avec le kiné, et je vois nettement la différence de l’avant/après ! Je n’ai plus de douleur, et ma cheville a désenflé ! J’ai pu utiliser ma carte vitale mais pour la part mutuelle, j’ai dû payer (puisque je n’ai plus de mutuelle française) : 41 euros pour 5 séances.

Et maintenant ?

Mon kiné m’a dit que je devais continuer la rééducation à la maison, il m’a donné les armes pour la faire moi-même sans devoir payer la physio au Québec. J’ai donc acheté une planche d’équilibre, et mon chéri joue à l’apprenti kiné pour m’aider avec quelques exercices. Selon mon kiné, j’en ai pour 1 an avant de pouvoir retrouver ma cheville d’origine, la même souplesse et la même force.

Le bilan et mes conseils

Je vous résume les frais dépensés et le remboursement de l’assurance ACS expatriation :

  • Frais dépensés à la clinique privée : 120 $ remboursés

  • Frais dépensés au cabinet de radiologie (2 radios) : 112 $ remboursés

  • Frais pour l’achat de la prothèse : 160 $ non remboursés

  • Frais de l’hôpital : 337 $ remboursés

Ce que je peux vous conseiller pour les expatriés ou futurs expatriés :

  • Si vous cherchez encore une assurance, choisissez-en une qui vous offre peut-être plus de services, tel que l’achat de la prothèse, les soin s dentaires, etc.

  • S’il vous arrive quelque chose qui n’est pas forcément une urgence, allez dans une clinique privée. Je suis allée à ExcelleMD et j’ai trouvé le prix correct et le service très bien.

  • Pour ceux qui ont l’assurance ACS Globe PVT, n’hésitez pas à appeler le numéro d’urgence lors d’un accident ou d’une maladie, un médecin sera là pour vous. Sachez aussi que si la facture s’élève à plus de 800 $, ils se chargent de payer directement pour vous. Je tiens cette source d’une intervenante de l’ACS qui me l’a dit lors de mon premier appel, mais ça reste encore à confirmer car je n’ai vu l’info nulle part ailleurs.

Est-ce que je regrette de ne pas avoir été aux urgences à Vancouver ?

Oui et non. Oui, car j’aurais certainement guéri plus vite et plus facilement. Et non, car je suis certaine que l’on m’aurait plâtrée en arrivant là-bas et que pour le coup, la totalité des mes vacances auraient été gâchées. Je n’aurais pas pu visiter l’Alberta et faire toutes les belles randonnées qu’on a faites. La santé avant tout me direz-vous, mais croyez moi, il en allait de ma santé psychologique à cette période ! Alors plâtre + frais d’urgence d’hôpital = dépression totale.

J’espère que ce récit vous aura plu, n’hésitez pas à réagir pour me dire ce que vous en pensez, ou si vous avez vous aussi vécu une histoire comme celle-ci.

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