On a quitté notre job en pleine période de Covid-19

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ous avons déjà toutes les deux un passé professionnel commun puisque nous avons travaillé dans la même entreprise pendant 6 ans, ensemble dans le même bureau. Etre à plus de 6000km l’une de l’autre ne nous a pas empêchées d’avoir aussi un présent commun. On ne l’a pas fait exprès et pourtant ça nous est arrivé en même temps : on a décidé de quitter notre boulot et ce, sans perspective professionnelle immédiate. Oui, vous l’avez bien lu, nous avons quitté notre job en 2020, en pleine période d’épidémie du Covid19, quand certains s’accrochent à leur poste car ils ont peur d’être licencié et que d’autres subissent les fermetures obligatoires de leur lieu de travail (boîtes de nuit, bars, …).

Le confinement a engendré une grosse période de réflexion chez les gens quant à leur avenir professionnel, le bien-être au travail, le sens qu’ils voulaient donner au boulot qu’ils font tous les jours. On a vu à quel point les métiers liés à la santé et à l’aide aux personnes étaient primordiaux. Ceux qui sont souvent les plus dénigrés ou qui gagnent le moins ont été ceux dont on a eu le plus besoin. Tout cela, plus le temps énorme dont nous avons bénéficié (pour la majorité d’entre nous), a fait que nous nous sommes posé beaucoup de questions et notamment la suivante : et si je changeais de travail ?

Du point de vue de Marie

Cela faisait plus de 7 ans que je bossais en agence événementielle. Mon métier de chef de projet m’a toujours beaucoup plu. Parmi les points positifs que je pourrais citer, voici les principaux : le contact avec différents types d’interlocuteurs, les événements sympas, le travail d’équipe, le fait que tu ne t’ennuies quasiment jamais et qu’il y a très peu de routine, mais aussi mes super collègues dont certains avec qui j’ai lié une amitié.
Cependant, il y avait des points négatifs qui me gênaient de plus en plus et notamment 3 qui m’ont fait prendre cette décision de partir. Tout d’abord, le manque d’humanité du métier : on parle toujours de marge, de rentabilité, … mais pas d’objectif lié à l’humain. Comme dans beaucoup de postes me direz-vous. Moi qui suis sensible sur ce point, j’aspire à travailler dans un secteur d’activité plus proche de l’être humain que celui de l’événementiel, parce que j’ai du mal à privilégier à tous prix l’argent au détriment des gens.
Ensuite, le temps énorme que mon job me prenait : il empiétait souvent sur ma vie personnelle, mes soirées, mes week-ends, mes congés même. Je ne décrochais jamais vraiment à 100% et ça, ça commençait à peser dans la balance. Déjà, car je n’avais jamais le temps de rien, je courais partout, j’arrivais en retard à mes activités personnelles, j’avais du mal à prévoir des vacances ou à me projeter sur certaines choses. Mais aussi car, quelque part, ma vie personnelle avançait peu. Je n’ai pas encore d’enfant et sincèrement, je me voyais mal en avoir dans ce contexte professionnel. Et je suis célibataire, très certainement car je n’avais pas ou très peu de temps à accorder à un homme pour l’intégrer dans ma vie. Quand tu as 30 ans et que tu fais ce constat, je peux te dire que tu ça te fait réfléchir.
Enfin, le manque de reconnaissance : c’est le cas là aussi dans beaucoup de métiers. J’apprécie particulièrement les relations humaines, le contact client et j’aime me démener pour trouver des solutions à mes clients, même ceux qui sont les plus difficiles. Mais souvent, on récolte peu de « merci » ou de remarques positives sur nos actions, quand celles-ci sont pourtant réussies. Et c’est dommage, car ça ne coûte pas grand chose et ça motive encore plus pour se donner à fond ! Peut-être aussi que c’est parce que je travaillais en B to B et que les professionnels sont plus exigeants que les particuliers. Il y avait également peu de reconnaissance de la part de ma hiérarchie, dans le sens de la valorisation financière (salaire bas malgré mon ancienneté et mes diplômes, pas d’avantage spécifique), de l’ancienneté et des compétences (pas d’évolution possible).

Ce confinement qui a tout fait basculer :

Je suis partie en vacances pendant deux semaines, dont une à l’étranger (Miami avec Elodie), juste avant le confinement. Je devais revenir au travail le 15 mars. Mais le contexte sanitaire a décidé que je ne reviendrai jamais plus.

Le confinement n’a fait que mettre en évidence les points négatifs ci-dessus et dans ce sens, je n’ai pas trop mal vécu cette période puisque je n’ai plus eu à les subir. Je me suis rendue compte à quel point j’avais besoin de temps pour moi et enfin, j’ai pu en avoir ! Mais aussi à quel point reconnaître la valeur de l’humain et travailler dans ce sens était primordial.

En parlant d’humain, ce temps de réflexion m’a également permis de confirmer que dans la vie, on ne peut pas tomber que sur des bonnes personnes, aussi bien dans le travail que côté perso. Certains événements et notre expérience en général nous apprennent ainsi à mieux identifier ces personnes toxiques pour pouvoir vite s’en éloigner !

La décision :

Bref, même si au début de l’année 2020, je me posais beaucoup de questions quant au fait de quitter ma boite, après le confinement, la question ne se posait plus : j’avais envie de partir. Peu importe si je n’avais pas d’autre projet professionnel dans l’immédiat, je ne pouvais plus revenir en arrière, je ne pouvais plus subir la situation. Je devais prendre cette décision pour donner un nouveau tournant à ma vie et changer ce qui ne me convenait plus.

J’ai donc annoncé à mon chef que je souhaitais partir. Après plusieurs mois de chômage partiel (dans l’événementiel, il est toujours d’actualité), mon employeur a accepté une rupture conventionnelle.

Et maintenant ?

Je suis donc au chômage depuis le début du mois d’octobre. Bien sûr, j’ai touché des indemnités de rupture conventionnelle et je vais aussi percevoir une ARE (Allocation de Retour à l’Emploi – une indemnisation de Pôle Emploi quoi). Mais pour le moment, je n’ai pas de réelle visibilité sur mon avenir professionnel. Bien sûr, je ne suis pas du genre à me reposer sur mes lauriers et je compte vite trouver un autre emploi car la vie d’entreprise me manque ! Mais à l’instant précis où j’écris cet article, je me rend compte que j’ai enfin pris une décision en acceptant de sortir de ma zone de confort, de quitter un quotidien qui me pesait et me stressait. Pour moi, mon bien-être, mon moral, mon entourage (qui subissait parfois mes mauvais jours), j’ai tout gagné.

Alors oui, 2020 n’était vraiment pas la meilleure année pour quitter mon job, mon CDI, ma routine « confortable » de 7 ans, mais je l’ai fait et je ne regrette rien. Je veux donner un nouveau sens à ma vie, prendre davantage de temps pour moi, mes proches et mes activités personnelles.

J’ai d’ailleurs décidé de me mettre auto-entrepreneure, une piste que j’avais déjà depuis des mois mais que je n’avais jamais pris le temps d’exploiter : je souhaite, à côté d’un emploi fixe, pouvoir réaliser des missions pour moi, dans les domaines que j’aime (création de contenu, community management, création graphique, …). Je recherche en parallèle un emploi en marketing/communication au sein d’une entreprise (mais fini l’événementiel et fini les agences).

Le temps passe trop vite dans la vie. Quand vous ne vous sentez plus bien quelque part, il est temps de partir, de faire un pas pour quitter ce qui ne vous convient plus. N’hésitez plus. Le meilleur est à venir, j’en suis persuadée.

Du point de vue d’Elodie

Comme vous le savez, j’habite au Canada et Marie en France. Nous nous sommes retrouvées à Miami en mars dernier pour des vacances. Notre retour était prévu le 12 mars et quelques jours plus tard, le monde entier se confinait et fermait ses frontières. C’était notre voyage de retrouvailles et celui qui marqua le début de beaucoup de changement.

Pour ma part, j’ai repris le chemin du travail dès le lendemain de mon retour, qui s’est très vite transformé en télétravail pendant plusieurs mois. J’étais graphiste en agence sur Montréal, en poste depuis fin octobre 2019. Et j’ai décidé de quitter mon travail, après presque 1 an passé dans cette agence.

Pourquoi j’ai décidé de quitter mon travail en pleine pandémie ?

Tout simplement car je suis partie de la France pour quitter la zone de confort que je m’étais créée depuis des années. Ma zone « d’inconfort » au Canada était en train de redevenir ma zone de confort (vous me suivez toujours ?). En effet, ce boulot ressemblait sur de nombreux points à celui que j’avais en France : même manière de travailler, petit salaire, communication difficile, cette drôle de sensation de ne pas apporter quelque chose de plus à la société, la course au rendement, le manque d’humanité, etc.

Pour moi, se sentir bien dans un travail, c’est primordial. Comme dit l’expression : « Choisis un travail que tu aimes, et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie » (merci Merci Confucius !). Il y a trois choses importantes pour moi : la qualité du travail, le salaire, et l’ambiance. Et clairement ici, je ne m’y retrouvais pas du tout. Alors plutôt que de rester dans un job où je ne m’épanouissais pas, j’ai préféré tout quitter. Comme ma mère m’a toujours dit « tu ne quittes pas un travail si tu en as pas trouvé un autre avant ! », j’ai essayé de suivre ce principe, sauf que chercher un boulot quand tu es déjà en poste, ce n’est pas chose facile : manque de temps, d’énergie, et pas disponible dans l’immédiat. Clairement pas le profil d’un candidat qui fait rêver ! Et encore plus compliqué d’avancer quand, au final, tes employeurs apprennent que tu postules ailleurs sans leur en avoir parlé. Beaucoup trop de choses accumulées, il était temps de démissionner, d’avoir du temps pour moi, que ce soit pour des projets personnels ou professionnels.

C’est un gros risque que j’ai pris, car quand tu démissionnes au Canada, tu n’as pas droit à des indemnités chômage (comme en France après tout). Pour y avoir droit, il faut avoir accumulé 600h de travail et l’avoir « perdu » de manière involontaire. Et le montant des indemnités correspond à 55% de ton salaire (sauf en ce moment, où il correspond à 500 $ par semaine, quasiment mon salaire quand je travaillais en fait …).

Quels sont mes projets maintenant ?

Et bien pour le moment, il s’agit d’une page blanche. J’ai plusieurs pistes, plusieurs envies, mais je sais surtout ce que je ne veux plus. J’ai presque 30 ans, et j’ai décidé de ne plus travailler uniquement pour l’argent, mais pour quelque chose qui me motive et m’anime.

Pour les premiers jours de ma liberté, j’ai décidé de me consacrer à plusieurs de mes projets personnels car je n’avais jamais le temps pendant que je travaillais, et cela fait un bien fou ! Pour la suite, je suis encore en pleine réflexion, et je sais que peu importe la décision que je prendrai, le reste de ma vie aura une tournure différente.

Mais je crois beaucoup au destin et je sais que le meilleur reste à venir ! La vie est bien trop courte, il faut la vivre, et non la subir !

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